Le ministère français de la Santé et l’ONVS, l’Observatoire national des violences en milieu de santé, ont sorti un «Guide méthodologique relatif à la prévention des atteintes aux personnes et aux biens en milieu de santé». Outre des considérations théoriques, il présente différentes solutions appliquées localement, et qui semblent faire leurs preuves. La Belgique devrait bientôt reparler de la sécurité des MG.
Les violences aux personnes représentent près des 3/4 des notifications à l’ONVS, «de loin les plus mal vécues par les professionnels», commente l’Observatoire. Le guide recense des dispositifs pratiques, concluants, mis en place ici ou là chez nos voisins. Sur ce plan, c’est un recueil de bonnes pratiques, dont s’inspirer pour concevoir une prévention adaptée à son propre établissement, sa propre pratique.
Une bonne partie de l’ouvrage s’arrête aux problématiques vécues en milieu hospitalier. Un chapitre, toutefois, est consacré au cabinet libéral et aux visites à domicile. Il renvoie à des publications de référence existantes, comme le Guide pratique pour la sécurité des professionnels de santé du ministère de l’Intérieur. C’est un catalogue de 12 pages de mesures tirées de l’expérience des policiers et gendarmes luttant contre les actes de malveillance à l’encontre des médecins indépendants mais aussi des pharmaciens d’officine. On y trouve une liste de questions à se poser pour déceler les vulnérabilités d’un local, d’une organisation de travail, puis une ribambelle de conseils à appliquer pour sécuriser son environnement et pour adopter une conduite appropriée en cas d’agression. Du déjà vu, direz-vous? Peut-être, mais les précautions dites «de pur bon sens» méritent parfois d’être répétées.
Le guide de l’ONVS aborde la question de la vidéo-protection du cabinet, e.a. via un système de caméra ne se déclenchant qu’à la suite d’une action du médecin – avec distinction entre cabinet fonctionnant sans ou exclusivement sur rendez-vous –, et entre images enregistrées ou pas, ce qui fait varier les autorisations à obtenir (de la préfecture de police ou de la Commission informatique et libertés). Au rayon des visites, souvent en garde, le guide rappelle quelques conseils: à l’extérieur, se garer de façon à pouvoir repartir sans manœuvrer; à l’intérieur, garder un moyen d’alerte à portée de main (GSM), se positionner vers la porte de sortie avec le patient au fond de la pièce afin de pouvoir fuir si nécessaire… etc.
Le guide évoque encore une procédure «intermédiaire courante» (intermédiaire car un cran en-dessous de l’accompagnement pur et simple par la police): la pré-alerte des forces de l’ordre. Le médecin appelle celles-ci pour donner les coordonnées complètes du patient et expliquer pourquoi il actionne une pré-alerte. Voici une phrase du guide qui ne manquera pas d’intéresser les MG belges, dont une bonne partie trouvent injuste d’être tenus de s’aventurer là où la police ne va plus, ou seulement en force: «si aucun véhicule [de patrouille] n’est disponible, le soignant peut décider de différer sa visite».
Tout ceci est bien évidemment imprégné du cadre règlementaire propre à la France, où depuis quelques années des «accords Santé-Intérieur-Justice» ont été signés pour améliorer la sécurité des hôpitaux et de la médecine de ville. Medi-Sphere aura l’occasion de revenir prochainement sur la problématique, sauce belge: le SPF Intérieur mettrait ou aurait mis la touche finale à une brochure de recommandations pour sécuriser la pratique et l’environnement de travail des MG, conçue en collaboration avec différentes organisations professionnelles tant wallonnes que flamandes.