Une des décisions prises par la ministre de la santé française pour réagir à la crise des urgences de renforcer le rôle des infirmières avec à terme la création d’une infirmière de pratique avancée (IPA) Et si cela se passait en Belgique. Quel serait sa place ? Quel serait la réaction du monde médical ? Réponse du Dr Philippe Devos, Président de l’ABSyM
En France, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a décidé de réagir à la crise des urgences. L'une de ses décisions a été de renforcer le rôle des infirmières: prescrire de l'imagerie, suturer des plaies...A plus long terme, la ministre a annoncé la création du métier d'infirmière de pratique avancée (IPA) aux urgences. Chez nous, la réponse à la question est double comme l'explique le nouveau Président de l'ABSyM, le Dr Philippe Devos : “Aux urgences, nous avons déjà actuellement des infirmières de tri à l'entrée. Elles font un diagnostic. Elles posent donc un acte médical. On est en effet bien obligé de prioriser les patients à l'entrée vu le nombre d'arrivées aux urgences. Elles sont efficaces et tous les médecins urgentistes reconnaissent l'importance de leur apport. Toutefois, elles ne sont pas financées et elles sont à charge de l'institution.”
Les infirmières de pratiques avancées: le travail n'est pas fini
En Belgique, les infirmières de partiques avancées existent en théorie. “Elles ont été reconnues par la loi cette année. Un master est prévu...mais par contre les actes médicaux et les conditions pour faire les actes n'ont pas été définies dans la loi”. Une incroyable histoire belge à nouveau: “La ministre de la santé, De Block, a dit qu'elle prendrait l'avis du conseil supérieur des médecins sépcialistes et généralistes. Il va donc devoir se positionner...mais il est en train d'être renouvelé.”
Un monde qui change
Du côté de l'Absym, on est conscient que le monde médical évolue: “Globalement Nous percevons une tendance internationale à laquelle il sera difficile de s'opposer notamment en terme de coût. Parce qu'il ne faut pas le cacher, il y a une volonté économique derrrière ce projet aussi.” Tous les médecins ne sont pas contre: “Ils y voient une manière d'être épaulé pour des actes simples”. Ils émettent toutefois de sérieuses conditions: ”Quelle délégation ou non de l'acte? Les médecins voudraient garder un controle sur les actes délégués. A qui va incomber la responsabilté? Quelle obligation de suivi de qualité? Les médecins ne vont pas signer un chèque en blanc. Il faut, en outre, mettre en place un projet de master de qualité.”
Quels actes acceptés?
Il reste enfin la question centrale, qu'est-ce qui serait permis à une infirmière ou pas? “On va réfléchir à la liste des actes déléguables mais on ne veut pas perdre en qualité. Aux USA, parmi les actes déléguables il y a le traitement des varices, le diagnostique de l'otite virale, l'administration de vaccin...”. A suivre !