Le SPF Intérieur vient de publier, sur besafe.be, la brochure «Une pratique médicale sûre». Elle a été conçue en collaboration avec les ailes wallonne et bruxelloise du Fag (FAMGB et FAGW), la Fédération des associations de MG de Charleroi (FAGC), le GBO, l’Ordre des médecins et, côté flamand, Domus Medica et le Praag (Patrik Roelandt anti-agressie groep). C’est un manuel qui aligne à l’attention des MG des conseils de sécurisation de leur pratique.
La brochure, qui n’est pas la première du genre proposée par l’Intérieur, fait 25 pages. En guise de préambule, elle rappelle les causes principales d’altercations entre MG et patients. En pole position: le retard pris dans les consultations et le refus de délivrer l’un ou l’autre document (certificat, prescription, demande d’examen…). Suivent des recommandations pour éviter que cela tourne à l’aigre: compréhension et empathie de rigueur, mais aussi clarté autour, par exemple, de la délivrance de certificats. Le MG doit apprendre à reconnaître les «caractères difficiles» parmi sa patientèle. Et si la situation dégénère, malgré tout? Ne vous laissez pas entraîner dans le ‘le jeu du miroir’, conseille la brochure. Par exemple, «ne répondez pas à une personne qui crie en criant aussi».
Savoir communiquer et se taire
On ne pourra pas accuser la brochure de ne pas répéter aux MG de ne prendre aucun risque et de toujours songer d’abord à leur propre sécurité, à celle de leurs collaborateurs et à celle des autres patients. Après avoir abordé ce point de l’intégrité physique des personnes, le document s’arrête sur la sécurisation de l’espace de travail. Il ne s'agit pas seulement de poser verrous et caméras, mais aussi de songer à des mesures plus simples (et peu coûteuses), comme apposer visiblement les honoraires pratiqués dans la salle d'attente, ou venir expliquer, le cas échéant, qu’il y a du retard. La pratique sur rendez-vous offre une protection supplémentaire, indique la brochure, qui rappelle toutefois d’éviter de terminer la journée en recevant en dernier lieu un parfait inconnu.
Le SPF Intérieur recommande également d’éviter d’être prolixe sur les mesures de sécurité prises ou la présence d’objets de valeur (une étude de criminalité a établi que les cambrioleurs s’informent souvent sur leurs victimes potentielles auprès d’une tierce personne) et de ne pas ébruiter ses absences. Autre suggestion: impliquer le voisinage dans la surveillance du cabinet et de l’habitation en s’affiliant à un «partenariat local de prévention» (PLP), ou PLP pour indépendants – voire en en créant un. Késako? Il s’agit de réseaux de riverains ou d’indépendants qui communiquent entre eux en concertation avec la police, pour dissuader certaines formes de criminalité. La brochure renvoie vers le site www.besafe.be et vers la police locale pour plus d’infos.
Elle signale aussi qu’en tant qu’indépendant, PME ou titulaire de profession libérale, un MG peut bénéficier, pour les investissements consentis en vue de sécuriser ses locaux professionnels, d’une déduction complémentaire de 20,5%, dite la «déduction pour investissements», en plus de l’amortissement ordinaire.
L’escorte policière, un mirage?
En ce qui concerne la problématique des visites à domicile, la brochure évoque l’accompagnement préventif par les forces de police en cas d’appel suspect. Il ne s’agit pas, comme Medi-Sphere l’a déjà développé, d’un service généralisé sur tout le territoire. Il doit être inscrit dans des protocoles locaux entre cercles et police. L’exemple cité dans «Une pratique médicale sûre» est flamand: pendant les gardes, pour leurs visites à des patients à risque, les généralistes de la zone de police Roeselare-Izegem-Hooglede bénéficient d’une escorte.
Medi-Sphere a appris au fil du temps, en couvrant le dossier «sécurité des MG», que ce genre d’accord est plutôt l’exception que la règle. Il est hautement tributaire des volontés et possibilités locales. Tant sur Liège, où quelques agressions de médecins ont défrayé la chronique, que dans la région de Namur et Dinant, la police n’a pas caché aux médecins avoir beaucoup de boulot et peu de moyens. Au dernier colloque annuel de l’UOAD, par exemple, le commissaire Michel Remacle, directeur coordinateur de la police fédérale pour l’arrondissement de Namur, était très circonspect quant à une quelconque systématisation de l’escorte des MG en garde, faute d’effectifs d’intervention la nuit. D’après lui, aucun chef de corps n’allait s’engager à un accompagnement systématisé (détails dans Medi-Sphere n° 547, mars 2017).