Pharmacie d’urgence solidaire: le MG initiateur ne désarme pas

David Bouillon, MG depuis quasi 30 ans dans la région économiquement peu favorisée de Mons-Borinage, collecte des médicaments non consommés pour constituer une pharmacie de secours. Elle lui permet de dépanner, avec des médicaments de première nécessité, des malades en extrême pauvreté. Il aimerait que cette récupération de médicaments non pris se généralise. Il vient de sensibiliser à son combat Médecins du monde, la Ligue des droits de l’Homme et l’OMS.

Le Dr Bouillon affirme croiser «de plus en plus de malades incapables d’acheter, à l’instant où on le leur prescrit, le médicament dont ils ont besoin». Il dit être le témoin de ravages du renoncement aux soins, faute de pouvoir se procurer immédiatement, par exemple, des antibiotiques. Il a écrit à Maggie De Block pour lui suggérer de faire évoluer le cadre légal – un arrêté de 2009 – qui veut que les pharmaciens soient obligés de détruire non seulement les produits périmés qu’on leur a rapportés mais aussi les médicaments non pris. L’idée serait de permettre à des maisons médicales et/ou des associations caritatives de récupérer le non-consommé pour pouvoir le redistribuer gratuitement aux plus démunis, en se composant des «pharmacies d'urgence solidaires».

Du côté des pharmaciens de l’APB, de l’Agence fédérale des médicaments et de pharma.be, la coupole de l’industrie pharmaceutique innovante, on objecte e.a. qu’il serait difficile de s’assurer de la bonne qualité de ces médicaments «de seconde main», faute notamment de savoir s’ils ont été conservés dans les conditions requises (lire à ce propos: La pharmacie solidaire, une «idée noble, mais…», dans le Medi-Sphere n° 563).

David Bouillon connaît l’argument. Il continue de penser que, après examen par un œil expert (celui d’un pharmacien partenaire par exemple), une partie des médicaments non périmés reste redistribuable. «On parle de risques de sécurité, de responsabilité à assumer si jamais il y avait un problème. Mieux vaut-il jeter, que sauver? Là est le débat. Je vous assure que je connais des cas de SDF dont la vie a été mise en danger parce qu’ils n’ont pas accédé, au moment voulu, à un médicament essentiel.» Bien sûr, les CPAS peuvent intervenir pour les aider à se procurer la prescription, «mais le problème, c’est le décalage de cette intervention dans le temps».

Le MG hennuyer avait présenté son initiative à différentes formations politiques et écrit à Maggie De Block. Celle-ci lui a répondu en détaillant le cadre légal de la délivrance et de la destruction de médicaments. David Bouillon sollicite à présent d’être reçu au cabinet pour aller plus loin dans la discussion.

Entre-temps, il sensibilise un maximum d’instances à son combat. L’ONG Médecins du Monde, par exemple, qui possède déjà un «Médibus» sillonnant Bruxelles, offrant des soins infirmiers de première ligne aux publics paupérisés. Mais aussi la Ligue des droits de l’Homme, à laquelle le MG a expliqué que le non-accès dans l’instant à des médicaments essentiels était contraire aux principes de la loi sur les droits du patient qui garantit à chacun de recevoir une médecine de qualité. Il a également fait part à Test-Achats d’éléments de réflexion plus budgétaires, liés à la dimension gaspillage de la problématique: les médicaments non pris et incinérés ont un coût, pour le patient et la collectivité qui les a remboursés. Enfin, le Dr Bouillon a pris la plume pour alerter l’OMS de ses efforts.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.

Derniers commentaires

  • Christine DUPONT

    18 septembre 2017

    1. Chacun sa profession !
    2. Arrêtons le racolage politique, il y a assez d'officine en Belgique pour encore ouvrir des postes inutiles et coûteux à la collectivité, ce ne sont que des manœuvres politiques bien connues.... !
    3. Que l'on supprime les grands conditionnements.
    4. Que l'on supprime la multitudes des marques et unités de productions dans le monde et ainsi l'on regroupera les volumes de production et tout naturellement les prix des médicaments diminueront grâce à l'accroissement des séries de production.
    5. Allons vers une harmonisation des prix du médicament en Europe, il n'y a aucune raison d'avoir des prix différents entre les pays et ainsi les marchés parallèles disparaîtrons d'eux-mêmes ainsi que les faux médicaments.
    5. Revenons donc aux pratiques antérieures et simplifions notre système de soins de santé.

  • Michèle HUYGENS

    18 septembre 2017

    medecin de home, et après passage de la COCOM, je trouve scandaleux de devoir jeter des médicaments, toujours valables et en bon état de conservation, qui peuvent servir à d'autres patients, impécunieux peut-être, mais médicaments payés par la communauté, càd vous et moi.
    nous devons faire des économies dans le domaine de la santé OK mais mettons en parallèle le volume CONSIDERABLE de ces médicaments à éliminer et le volume d'EUROS engagés que cela représente. n'y aurait-il pas des économies humanitaires à faire ?