La Croix-Rouge de Belgique a lancé mardi sa campagne annuelle de sensibilisation hivernale. S'inspirant des émissions de téléréalité, elle y met en scène les sans-abri, qui doivent lutter chaque jour dans des conditions extrêmes pour survivre, se nourrir et dormir. Sauf que cette misère n'est pas un jeu et qu'elle constitue la réalité du quotidien de ces personnes, souligne-t-elle. Par ailleurs, l'organisation devrait gérer pour la première fois l'accueil de nuit de seconde ligne à Bruxelles durant la période hivernale dès le 15 novembre, a-t-elle annoncé.
Le nombre de personnes vivant en rue ou mal logées ne fait qu'augmenter ces dernières années, d& eacute;plore Olivier Standaert, manager pour la région bruxelloise au sein de la Croix-Rouge de Belgique. On estime en effet à 17.000 le nombre de personnes sans-abri en Belgique, rappelle l'organisation.
De nombreuses mesures sont mises en place tout au long de l'année à Bruxelles et en Wallonie. Il y a ainsi des tournées en rue qui sont effectuées régulièrement, dont notamment neuf par semaine dans la capitale, été comme hiver. Du 1er novembre 2016 au 31 mars dernier, 3.825 contacts ont été établis, illustre la Croix-Rouge, qui participe par ailleurs à des lieux d'accueil de jour et collabore à des permanences de soins.
Pour pouvoir s'occuper ou accueillir ces personnes durant l'hiver, l'organisation a besoin d'argent. Comme chaque année, elle a donc lancé une campagne de sensibilisation du public afin de récolter des dons (numéro de compte BE72 0000 0000 1616). Celle-ci a été baptisée "Master Survivors" saison 2017 et imaginée comme un jeu de téléréalité. Elle sera diffusée en radio et en télévision jusqu'au 21 novembre.
En consortium avec Médecins du Monde et CAW Brussels, la Croix-Rouge a par ailleurs répondu à l'appel d'offres du gouvernement fédéral. Elle devrait gérer dès le 15 novembre, et jusqu'au 31 mars, un abri de nuit à Bruxelles pour 300 personnes dans le cadre de l'accueil de seconde ligne. Ce centre sera ouvert chaque jour de 18h00 à 10h00, avec des repas prévus soirs et matins et des douches accessibles.
Des discussions sont encore en cours et "à un stade avancé" avec le gouvernement fédéral et le SPP Intégration sociale et seraient sur le point d'aboutir, a confié M. Standaert, qui espère une décision finale cette semaine. D'après lui, aucune autre organisation n'est actuellement en négociation avec l'Etat.
La Croix-Rouge envisage deux lieux pour accueillir cet abri, dont l'un situé à proximité du centre-ville qui a la préférence de l'organisation car c'est là que se trouve la majorité des sans-abri. Il faut cependant encore obtenir l'accord du propriétaire du bâtiment. Elle ne préfère donc pas s'épancher davantage sur la localisation du futur centre.
Le gouvernement a demandé à ce que celui-ci soit prêt pour le 15 novembre. A son ouverture, le lieu devrait pouvoir accueillir de 50 à 100 personnes avant de progressivement augmenter sa capacité jusqu'à 300 personnes. Tous les sans-abri y seront acceptés mais il est très probable que les chiens n'y soient pas acceptés, les propriétaires des bâtiments s'y opposant. "Nous savons qu'il s'agit là d'un véritable enjeu", a reconnu Olivier Standaert.
Vingt-cinq collaborateurs de la Croix-Rouge y travailleront et un vestiaire social permettra d'y offrir des vêtements chauds aux sans-abri qui le souhaitent.
L'abri de nuit sera financé par le fédéral et l'organisation mettra à disposition toute une série d'équipements dont elle dispose et qui ne doivent pas être achetés. Elle évalue le coût pour chaque personne à entre 33 et 40 euros par nuit.
Ce dispositif de nuit de seconde ligne était jusqu'ici géré par le Samusocial, qui organise par contre toujours le plan hivernal régional de 1ère ligne, composé d'environ 600 places. La Croix-Rouge espère dès lors une "forte coordination" entre les deux organisations pour l'hiver à venir.