Dans le débat sur la répartition des avances, les présidents des conseils médicaux vont jouer un rôle prépondérant. Réactions du Dr Jean-François Annaert, président du conseil médical du Chirec, et du Dr Philippe Devos, président du CM du CHC de Liège.
Au Chirec, le Dr Jean-François Annaert n’apprécie pas le texte de la circulaire et ses implications. Il ne s’en cache pas: «Il y a plusieurs points à soulever qui sont choquants. Sur deux pages et demi, il y a 14 fois le terme avance. Cela annonce bien la couleur. Pourtant, le même texte parle d’un remboursement des dispensateurs de soins pour les activités où il n’y avait pas de nomenclature Inami... or, pour moi, un remboursement n’est pas une avance».
De la poudre aux yeux des médecins
Pour lui, l’intérêt de cette avance pour les médecins est limité. «Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un cadeau empoisonné. Le deuxième milliard sera sans doute utile pour les hôpitaux (payer le personnel et les fournisseurs), mais au niveau des médecins, c’est de la poudre aux yeux.»
Il est conscient que «la grande majorité des médecins indépendants n’ont rien gagné pendant la période Covid». En interne, un dialogue va avoir lieux entre le conseil médical et la direction de l’hôpital. «On a tout à perdre à se faire une guerre interne. Dans des institutions où il y a des tensions entre le corps médical et les gestionnaires, cette situation ne va faire qu’exacerber les tensions.» Il se met à la place de ses confrères: «Cela me pose un énorme problème d’aller proposer à des confrères d’avoir ce genre d’avance sans que je ne puisse leur dire comment ils vont devoir gérer leur compte. Si un médecin a vraiment «zéro rentrée» avec des frais fixes importants pour un mois et demi d’activité, le jour où il va devoir rembourser... cela va faire très mal.» Il rappelle qu’à ce stade «ni l’Absym ni l’Inami ne nous précise quand ou comment l’avance va être remboursée».
Quels revenus suffisants?
Pour Philippe Devos, président du conseil médical du CHC de Liège, la difficulté se trouve dans le fait qu’il s’agit d’un prêt et il est inquiet au niveau du remboursement: «A première vue, lorsque les médecins ont compris que c’était un prêt, ils ne se battent plus pour l’obtenir». Surtout qu’en janvier 2021 sans doute, le moment viendra de rembourser: «Il faudra dégager des revenus suffisants pour le remboursement et on ne sait pas encore comment ils vont devoir rembourser».
Selon lui, aujourd’hui, «la situation n’incite pas à avoir des relations apaisées entre les gestionnaires et le Conseil médical. Ce n’est pas la faute des gestionnaires mais plutôt la façon dont on doit travailler».
La lecture de la circulaire pose aussi question: il y a débat pour savoir qui va s’occuper de la répartition. Le Conseil médical? Certains gestionnaires voudraient que ce soit la commission financière de l’hôpital. «Moi, je pense que c’est le CM qui doit décider.» Les CM réfléchissent aussi comment valoriser le travail de tous les médecins qui ont œuvré en dehors de leur service. «On espérait qu’une partie de ce milliard soit un don et pas un prêt...» A propos du second milliard, sa réaction est très claire: «Le premier milliard ne compense même pas les surcoûts ni le manque à gagner. Ils peuvent avancer dix milliards, cela ne changera rien, surtout s’ils veulent les récupérer...» Il entend aller de l’avant: «On veut plutôt valoriser un certain nombre d’actes liés à la crise. Il faudrait discuter de la manière dont on peut relancer les hôpitaux. Il y en a beaucoup qui ne sont pas à 50% d’activité».
Lire aussi :
> Répartition du milliard: « Les intérêts des médecins ne sont pas garantis » ( Dr Gilbert Bejjani )
> Avances aux hôpitaux : « il y a peu de risque que le remboursement soit exigé » ( J.de Toeuf )
Derniers commentaires
Freddy GORET
16 juin 2020Les médecins vont payer de leur poche la crise covid et l incompétence de nos très .... chères ministres de la santé ...
le déficit de financement des hôpitaux organisé de manière volontaire par nos politiciens doit être compensé pour la survie des structures hospitalières .....
Les deux sources de financement des hôpitaux sont le prix de journée et le prélèvement sur nos honoraires
Je ne donne pas deux mois avant que les directions des hôpitaux ne décident de nouveaux prélèvements sur honoraires avec l argument « il faut sauver votre outil de travail sinon ..........