L'hôpital universitaire de Gand (UZ Gent) a été déclaré coupable mardi matin par la cour d'appel de Gand dans une affaire d'homicide involontaire d'une jeune fille de 13 ans. Celle-ci, atteinte d'anorexie, était décédée en mai 2011 après qu'une sonde gastrique eut été mal placée. L'hôpital a continué à soutenir que le dispositif a bel et bien été installé correctement, mais s'est à nouveau vu infliger une amende.
Fin de l'année dernière, une infirmière, une femme médecin et l'UZ Gent avaient dû répondre devant le tribunal correctionnel de Gand de la mort de l'adolescente, qui avait été étou ffée après qu'une sonde avec de l'alimentation eut été mal placée. Cette erreur avait été remarquée trop tard et la jeune fille était décédée dix jours plus tard, le 20 mai 2011.
Le tribunal avait estimé que l'infirmière avait placé le dispositif non dans l'estomac mais dans le poumon gauche de la patiente. Elle n'avait toutefois été condamnée à aucune peine après avoir présenté ses excuses, l'hôpital ayant commis la faute la plus grave, aux yeux de la justice. La femme médecin, quant à elle, avait été acquittée car un doute existait sur le lien de causalité entre le manque de contrôle de sa part et la mort de la victime. L'UZ Gent avait pour sa part écopé de l'amende maximale de 264.000 euros, avec sursis pour la moitié. L'établissement hospitalier a toutefois fait appel de cette décision. La femme m& eacute;decin et l'infirmière ne sont, elles, pas allées en appel du jugement en première instance.
Lors de l'audience en appel, l'UZ Gent a maintenu avoir des doutes que la sonde a été mal placée et a évoqué la possibilité que la jeune fille ait pu la déplacer, même inconsciemment. Mais pour la Cour, il n'y a pas le moindre doute sur le fait que la sonde a été placée dans le poumon. "L'hypothèse selon laquelle la sonde aurait été déplacée par la fille n'est pas plausible."
La Cour a qualifié les faits de "franchement dramatiques". "Les parents ont confié leur fille à l'UZ pour qu'elle reprenne des forces. C'est un cauchemar qu'il est difficile de comprendre. Les attentes des parents ont été insatisfaites", a estimé la juridiction.
La Cour a également pointé l'UZ Gent pour son déficit de communication et de formation de son personnel. Tous deux sont, selon elle, liés à la mort de la patiente. "L'hôpital ne s'est pas comporté comme on peut l'attendre d'un hôpital universitaire", souligne-t-elle. L'UZ a dès lors écopé, comme en première instance, d'une amende maximale de 264.000 euros, dont 211.200 euros avec sursis. Le montant avec sursis est plus important qu'en première instance (la moitié avec sursis, ndlr.) en raison du temps qui s'est écoulé depuis les faits et de la longue procédure.
"Ce qui a pu se produire en 2011 est terrible", a réagi le professeur Dr. Eric Mortier, au nom de l'UZ Gent. "Nous réalisons à quel point cette affaire a dû être difficile pour la famille de la patiente. C'est tragique de perdre un enfant."
Quant à la critique sur le manque de communication et de formation du personnel au sein de l'UZ, l'hôpital indique qu'après cet incident, des mesures ont été mises en place. "L'UZ Gent tire des enseignements de chaque situation difficile, comme en témoignent les mesures de qualité et les inspections de sécurité effectuées ces dernières années. Des démarches ont également été entreprises en matière de communication avec la patientèle et les familles. Notre priorité est de communiquer rapidement et de façon transparente."
"La perte de la patiente, couplée à la longue durée de ce procès, ont été très difficiles pour la famille. Nous acceptons le jugement qui a été rendu ce matin. Il met fin à cette affaire juridique. Nous espérons que la famille pourra désormais faire son deuil en toute sérénité. Nous sommes de tout coeur avec elle", a conclu le Dr. Eric Mortier.